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Être ((re)naitre) femme 

25 % des grossesses s’arrêtent spontanément au cours du premier trimestre. Pourtant, ce trimestre demeure souvent caché, entouré de silence. Les couples traversent cette épreuve dans l’isolement, face à des médecins dont l’empathie varie d’un praticien à l’autre. C’est certainement parce que nous vivons dans une société où le plaisir est valorisé, et où les émotions « négatives » n’ont que peu de place. La mort, quant à elle, est un des derniers grands tabous, surtout quand elle touche un enfant à naître. Ce n’est pas dans « l’ordre des choses », dit-on. Pourtant, donner la vie, c’est aussi, d’une certaine manière, accepter la mort. Face à l’arrêt de grossesse, le silence est assourdissant. Parfois, on voudrait crier notre douleur, mais le monde autour de nous ne laisse pas d’espace pour cela. L’arrêt de grossesse devient un non-événement. Pourtant, cette vie, aussi courte fut-elle, était bien réelle. Elle mérite d’être honorée. Notre société ne sait pas célébrer la mort, ni accueillir la souffrance. Mais comment peut-on accepter ce que l’on cache, ce dont on ne parle pas ? Il est temps de briser ce silence, d’autoriser la tristesse à exister, de reconnaître que, tout comme la vie et la mort, la joie et la tristesse sont indissociables. La fausse couche nous rappelle que le risque zéro n’existe pas, et que, malgré ses avancées, la médecine ne peut pas tout prévenir ni tout guérir. Ce constat ouvre une porte vers une certaine forme de pouvoir : celui de se réapproprier son corps et ses choix. Il est possible de s’appuyer sur l’intuition, cette connexion intime que nous avons avec nous-mêmes, qui n’est ni moins légitime ni moins précieuse qu’un avis médical. Reprendre son autorité, c’est aussi accepter que la science et l’intuition peuvent coexister, chacune ayant sa place dans le parcours de la grossesse à venir.

Sarah Perreau Professeure de Yoga Lenidstudio.com

Vie de femme et étapes difficiles qui peuvent survenir dans la vie d’un couple. Je partage en ce mois d’octobre, mois de la sensibilisation et de soutien à toutes les femmes, couples, ayant vécu une ou plusieurs pertes de grossesses, cet article qui est écrit dans le but de libérer la parole pour toutes ces femmes et hommes qui vivent un tel événement. J’ai ouvert la parole pour deux femmes qui ont accepté de nous parler de cette étape de leur vie, avec leurs mots/maux, leur regard et leur ressenti personnel. Cet article vise aussi bien à sensibiliser qu’à soutenir et conseiller, parce que j’aurais aimé que l’on me prévienne, que l’on me prenne par la main et que le corps médicale me soutienne et m’aide davantage. Alors, si je peux, à ma petite échelle aider une ou plusieurs femmes, couples qui vivent cette étape, ce sera alors pour moi ma plus grande libération. Ce que je peux d’ores et déjà vous dire c’est que ce n’est pas de votre faute et que vous n’êtes pas seul(e)s. Je sais et j’espère que cet article aidera les femmes, préparera les futures mamans (et papa ne les oublions pas) et réconfortera les cœurs et les âmes brisées après cette douloureuse expérience de vie. Parler ouvertement et très librement autour de ce sujet « tabou » afin de banaliser la chose mais aussi et surtout pour s’entraider et se soutenir.

Moi_ Marine_

J’aurais aimé que l’on me dise, j’aurais aimé que l’on me prévienne dès mes premières ères dans l’entrée d’une vie de femme.

J’aurais aimé entendre de la part d’un(e) professionnel(le) lors de mon premier rendez-vous gynécologique « Mademoiselle, madame, ce n’est pas une étape obligatoire mais un jour vous aurez peut-être l’envie d’avoir un enfant. Il faut que vous sachiez que tout peut très bien se passer mais je dois aussi vous prévenir que vous pouvez avoir un risque sur trois de faire une fausse couche et c’est quelque chose de « normal », tout va bien et tout ira bien, la nature est ainsi, cela arrive à une grossesse sur trois, c’est très fréquent vous devez vous y préparer dans votre vie de femme et je vais vous expliquer comment faire et ce qu’il faudra faire si cela vous arrive. Vous n’êtes pas seule. »

Être femme et apprendre ce que l’on ne t’a jamais appris et de ce dont on ne parle pas, parce que c’est un sujet dit « tabou ». Alors, non, je refuse de ne pas parler, je refuse de ne pas demander à mes amies, à mes proches et c’est alors que la parole se libère et laisse place aux non-dits, à ce dont on ne doit pas parler. C’est alors que je découvre que c’est chose commune, qui est arrivé à la moitié des femmes à qui j’en ai parlé et pour qui 100% d’entres elles ont des proches à qui s’est aussi arrivé. Pourquoi ne l’ai-je pas entendu avant ? Pourquoi n’y sommes nous pas préparées plus tôt ? 

Et maintenant, c’est la reconstruction, on vous rebalance dans votre vie en vous disant « Continuez votre vie normalement, tout va revenir à la normale naturellement. Vous pouvez même réessayer de faire un enfant dès maintenant. » Les mots crus des médecins, débrouille toi avec ça et va au boulot demain. Il y a un manque de prise en charge pour les femmes après un tel événement. Nous n’y sommes pas préparées et ensuite nous ne sommes pas suivies après l’événement traumatique.

Étant dans le domaine du bien être et prenant soin de ma santé mentale et physique depuis des années, j’ai rapidement eu les clés et les contacts nécessaires pour me faire prendre en charge par différents médecins, psychologues et par toute autre médecine douce (Naturopathie, energeticienne, drainage etc…). C’est alors, que je pense à ces femmes qui n’ont pas les contacts que je peux avoir, qui ne savent pas comment gérer leur état traumatique et où se diriger après un tel choc. Mon compagnon m’a encouragé à écrire pour partager tout cela et libérer la parole autour de cette étape. Parler très librement à tous mon entourage et mes ami(e)s de ce que nous avions vécu m’a grandement aidé, même si certains ne comprennent pas et n’ont pas les mots, j’ai eu de nombreux retours d’expériences similaires qui conforte (quand ça nous arrive) dans le sens où c’est une chose qui est très fréquente et que nous ne sommes pas seul(e)s. J’ai de nombreuses clientes avec qui j’ai la chance d’avoir une relation très privilégiée, dans la confiance et confidence autour de discussion qui touche à l’intime. Je remercie toutes les femmes qui m’ont partagé leur expériences, qui se sont confiées et ouverte à moi, celles qui m’ont conseillée, comprise et soutenue, c’est grâce à vous que j’écris cet article parce que je me suis dit que j’avais un rôle à jouer dans cet évènement et rester dans le silence aurait été approuver que l’on ne doit pas en parler, parler c’est aider et c’est ce que j’ai toujours fait. Alors, ci cela m’est arrivée, j’accepte enfin et je comprend maintenant que je dois faire de cette douloureuse étape de ma vie un partage qui aidera les autres femmes, les autres couples. N’oublions surtout pas, nos conjoint(e)s qui ne portent pas l’enfant et qui vivent aussi la perte différemment mais tout aussi difficilement. Aimez-vous, laissez-vous l’espace et le temps nécessaire pour digérer cet événement, soutenez-vous et tout finit par s’apaiser, avec du travail et du temps, je vous le promet.

Je vous partage quelques points qui me semblent essentiels selon mon point de vue, afin d’apaiser cette douloureuse étape 🔑 

  • Parlez-en librement autour de vous et n’en faite pas un sujet tabou
  • Entourez-vous des personnes qui vous conforte (mon conjoint était le seul à pouvoir m’apaiser). Trouvez votre binôme dans cette étape, ne restez pas seule
  • Prenez du temps pour vous, arrêtez vous
  • Accepter de pleurer, d’être triste et de vivre le deuil, le temps qu’il faudra
  • Ne camouflez pas votre tristesse en passant trop vite à autre chose et en vous surchargeant de travail (parole de mon psy)
  • Adoptez une alimentation saine et équilibré (mais mangez des glaces et du chocolat ça fait du bien quand on pleure)
  • Reconnectez vous à votre corps en allant vous faire masser, drainer et en faisant une activité sportive 
  • Lisez des livres qui font du bien 
  • Mettez à l’écrit tous les mots sur les maux
  • Prenez rendez-vous avec votre médecin pour une liste de probiotique pour votre flore et de vitamines pour votre organisme Faites un bilan complet (sanguin, vaginal) pour s’assurer que tout soit ok (j’ai malheureusement développé plusieurs bactéries avec la fausse couche et le choc émotionnel).
  • Prenez rendez-vous avec un(e) naturopathe
  • Prenez rendez-vous avec une gynécologue et/ou sage femme de confiance pour bilan
  • Prenez rendez-vous avec un psychologue et faites de l’EMDR pour traiter le traumatisme le plus rapidement possible afin qu’il ne s’installe pas durablement
  • Et enfin, partez en vacances, faites des choses que vous aimez faire
  • Et enfin, aimez-vous, vous même et avec votre conjoint(e), laissez le temps au temps, faite confiance à la vie, à votre corps et votre mental.

Je vous promets qu’on s’en remet, cela prendra du temps et ce seras TOUJOURS en nous, mais on avance et on finit par revoir le soleil et les fleurs fleurir. Vous n’êtes pas seul(e)s. L’acceptation sera la clé, étape par étape avec le temps.

Mes contacts de professionnels de santé de confiance :

*Et surtout, si vous les contactez, contactez-les de ma part 🙂

Place maintenant aux témoignages de deux femmes extraordinaires que je connais. Je tiens à préciser que toutes les « fausses » couches ne se ressemblent pas, toutes les pertes de grossesses ne sont pas les mêmes en fonction des femmes, des corps et de la nature des choses. Nous sommes toutes différentes, merci pour ces témoignages Rebecca et Sarah.

Témoignage de Rebecca_

1/ Peux-tu partager ce dont tu aimerais parler au sujet de cette épreuve que tu as vécue ? 

J’ai vécu deux fausses couches, une à 5 semaines et une deuxième à 9 semaines. Je pense que n’importe qu’elle femme qui perd un enfant ressent une peine énorme et de la culpabilité. Comme un morceau de soi qui s’en va. L’ascenseur émotionnel est tellement énorme. Passer de la plus belle des nouvelles, à la plus terrible des annonces. On en veut à notre corps, on essaie de trouver une raison, un coupable. Et après arrive la solitude émotionnelle, quand les professionnels de santé minimisent énormément ce qu’on vit. Colère, solitude et sensation d’être complètement incomprise.

2/ Qu’est-ce que tu aurais aimé savoir avant pendant et après cet événement ? 

J’aurais aimé être mieux prise en charge psychologiquement. Médicalement ils font leur travail mais le côté humain manque beaucoup, un manque de délicatesse dans les mots comme  « La bonne nouvelle c’est que votre corps marche très bien » ou  « La nature est bien faite, c’est que l’oeuf n’était pas viable » « ça arrive très souvent ne vous inquiétez pas ». On ne peut pas voir de positif dans cette épreuve, on perds un enfant quoi qu’il arrive, c’est un deuil. On ne peut pas entendre ce genre de choses tout de suite, peut être plus tard, mais pas sur le moment. Il faut vraiment accepter les sentiments des mamans, et leurs dire que l’on comprends, que c’est dur car ça l’est, qu’il faut faire le deuil,  et prendre soin de soi. Je pense qu’il est nécessaire d’aller voir un psychologue, même si on pense qu’on en a pas besoin. Il y a des émotions qu’on ne veut pas laisser apparaitre parfois, mais quand on en parle finalement ça ne peut faire que du bien. Même si ce n’est qu’une séance, mettre des mots ça fait du bien.

3/ Où en es-tu dans ta vie aujourd’hui après cette épreuve ? 

Aujourd’hui j’ai une merveilleuse petite fille de 16 mois, en parfaite santé, j’ai vécu une grossesse magnifique, un bel accouchement. Tout s’est très bien passé et je pense qu’une fois qu’on a déjà un enfant, on n’a plus du tout peur de l’avenir. Je n’ai pas peur de revivre une fausse couche, je n’y pense même pas. Je sais que mon corps est en bonne santé, je sais que même si ça m’arrive à nouveau, ça ne veut pas dire que je n’aurais pas de deuxième enfant mais ça c’est quelque chose qui est très difficile à appliquer quand on essaie le premier. Il faut tout de même garder espoir, il est vrai que si on tombe enceinte, que la grossesse soit viable ou malheureusement pas, c’est que notre corps de femme fonctionne. Il faut vivre en toute légèreté et lui faire confiance. Et surtout, ne pas se projeter dans le temps. On ne peut pas programmer un enfant, parfois c’est rapide, parfois ça prend plus de temps. Il arrivera au bon moment, quand il l’aura décidé, il ne faut pas se mettre de pression.

4/ Qu’aimerais-tu dire aux femmes et aux couples qui passent par là, as-tu des conseils pour « remonter la pente » ?

Pour remonter la pente, même s’il faut vraiment une grande force d’esprit et être guérie pour appliquer ce conseil je dirais à toutes les femmes d’aimer son/sa conjoint(e), de vivre votre amour au maximum, de ne pas regarder le temps sans enfant mais de voir le temps qu’il reste à deux pour profiter de tous les beaux moments qu’on peut passer avant d’avoir votre bébé. Le temps passe et cela ne sera plus une attente anxiogène. Quand vous aurez votre bébé dans les bras, tout prendra un sens et tout aura valu le coup. Je conseille aussi de n’utiliser aucune application pour suivre les cycles d’ovulation. Laissez faire la nature, je suis tombée enceinte le jour où je ne savais même plus quand est-ce que je devais avoir mes règles. C’est inutile, stressant et ça n’aidera jamais à tomber enceinte. On sait qu’il faut des rapports réguliers, pas besoin de savoir quand est l’ovulation, de toute façon ce n’est absolument pas fiable. On peut féconder un ovule avec un rapport de 5 jours avant l’ovulation alors à quoi bon ? J’étais complètement parano, j’ai essayé mille et une choses pour augmenter mes chances de tomber enceinte (du gel, des complément alimentaire, du jus de cramberry, des test d’ovulation, l’autopalpation, le thé, les gélules d’huile de nigelle, la prière…) j’ai vraiment éssayé tout ce que j’ai trouvé sur le net. Puis le jour ou j’ai laché prise sur tout ça, j’ai tout mieux vécu, j’étais beaucoup plus heureuse, plus de stress et je suis tombée enceinte sans rien calculer, sans rien essayer. Tout ça était inutile, j’étais juste en train de me rendre malade moi même sans aucune raison.

Merci Rebecca <3

Témoignage de Sarah_

Du jour au lendemain, on se projette mère dans 6 mois et l’instant d’après tout s’effondre, c’est une sensation étrange que l’on ressent. Tous les rêves que l’on a imaginé, les listes de prénoms rédigées, les albums favoris avec des screenshots de poussette, de porte bébé… et puis il y a les réseaux sociaux qui en rajoute une couche, les influenceuses que tu suis qui sont toutes en train d’accoucher ou d’apprendre la bonne nouvelle, les publications ciblées sur les couches, les transats ,les laits maternels … bref tout te remémore ce moment. 

Pour une femme, c’est une chute libre émotionnelle. Pour ma part , je suis partie aux urgences le lundi soir à 23h30 et on m’a appris à 1h00 du matin que le cœur de mon bébé ne battait plus, le lendemain j’ai eu 15h de travail pour expulser le fœtus et là c’était difficile, c’était violent, notre corps et notre mental en prennent un coup. Heureusement ma sœur, mon chéri et ma meilleure amie étaient là mais j’ai vécu un moment très difficile psychologiquement et physiquement. On se dit qu’on y arrivera pas, on a peur, en 24h on apprend cette nouvelle puis il faut se battre pour le faire sortir de notre corps. On dit que le corps est bien fait et c’est la vérité ! On est des guerrières. 

Pour le coup, comme j’approchais des 3 mois , presque toute ma famille était au courant car le ventre commençait à bien se voir. Mais aussi ils ont vite appris la mauvaise nouvelle, et la c’est une vague de messages d’amour que l’on reçoit mais aussi un rappel de ce que l’on est en train de vivre, ça ne s’arrête pas. 

Avant de faire la fausse couche j’aurais aimé savoir que c’est une femme sur trois qui en fait et que cela est limite normal d’en faire. J’aurais aimé connaître la douleur physique et mentale que cela emmène, car nous ne sommes pas préparées à ça ! C’est comme si l’on vivait un accouchement, des saignements, des douleurs, des contractions, la chute hormonale. J’aurai aimé que ma sage femme me prescrive une échographie quand je lui ai dit que j’avais des saignements et ne pas attendre 3 semaines supplémentaires avec un fœtus non vivant en moi. Nous ne sommes vraiment pas préparées ni informées et quand on tombe enceinte cette éventuelle possibilité reste dans un coin de notre tête sans jamais se dire que ça peut tomber sur nous. 

Avec tout ce qu’il s’est passé, j’ai pris beaucoup de recul sur la situation et je relativise et positive énormément. Je crois en mon karma. C’est dur à vivre mais je me dis toujours qu’il y à pire que moi. Alors je me dis que la vie est bien faite, cela n’empêche pas la crainte et la peur que j’aurais pour ma future grossesse.  Avec mon chéri nous sommes toujours en projet bébé , mais nous ne nous mettons pas la pression. Ça arrivera quand ça arrivera. J’essaye d’analyser mes cycles et de vivre avec mes hormones. 

J’aimerais dire aux couples qui essayent, qui échouent, qui y arrivent, que la vie fait toujours bien les choses. Si il n’a pas voulu s’accrocher et vivre c’est qu’il y a une bonne raison. Le corps est bien fait. Je ne dis pas que c’est acté et que l’on passe à autre chose , mais le temps comme pour tout , fait bien les choses. Le principal est de prendre soin de soi, d’écouter son corps et de s’aimer. 

Merci Sarah

Merci pour votre lecture et votre bienveillance, ce serait un plaisir d’échanger avec vous sur ce sujet si le coeur vous en dit sur mon Instagram @marine_sicard.

Mon amour, je t’aime.

Marine S